journal d'une exposition, au musée d'histoire de Nantes
mardi 13 décembre 2011
J moins cinquante-trois jours...
A présent, un petit tour du côté de chez mes collègues en lien avec les scénographes et graphiste. Sans surprise, l'ambiance est beaucoup moins zen...
Lecture-Corrections-Validations-ReCorrections-Revalidation-ReRelecture...Ce sont l'ensemble des textes de l'exposition qu'Evelyne et Réjane doivent relire et corriger. Mais pas seulement. Il y a aussi les images. Beaucoup d'originaux -comme les cartes postales- sont en effet reproduites, notamment sur les kakémonos. Et les objets...Ont-ils bien été tous placés ? Les dimensions ont-elles bien été prises en compte ?
Parallèlement aux textes, le plan est passé au peigne fin...Il faut terminer avant la fin de l'année...Certains collègues stressent. En tant que "spectatrice", je souris...C'est toujours le même scénario...Le même stress mais au final, tout se passe bien. Allez, courage !
jeudi 1 décembre 2011
Une image pour l'affiche
L'image de l'ouvrière de l'usine LU en train de sertir une tin box est de celle-là.
Inscrite dans l'histoire -datée de la première moitié du 20e siècle- sans l'être de trop -il s'agit d'une ouvrière d'usine et non d'une lavandière -au hasard..., cette photographie parait répondre à la difficulté inhérente à notre expo en matière de communication.
En effet, l'enjeu pour la future affiche sera de montrer au public que l'exposition "Nantaises au travail" traite certes du passé mais pas que...la dimension contemporaine est en effet très présente dans l'exposition. Mais plus que tout, l'image de la sertisseuse de LU est belle.
C'est ce qui explique qu'elle a été choisie pour orner la couverture du catalogue de l'exposition.
C'est ce qui explique qu'elle a de nouveau été choisie pour illustrer la future affiche.Pourtant, l'entreprise Double-Mixte -l'agence de communication du musée- avait bien proposé de travailler sur une autre image de l'exposition, une photographie... d'une ouvrière d'usine. Elle avait emballé certaines collègues. Mais au cours de la présentation des premières moutures de l'affiche par Double-Mixte, le doute n'est plus permis; assurément, comme souvent, le premier choix était le bon.
Et parcequ'une affiche, ce n'est pas seulement une image, au cours de cette réunion, les tergiversations sont nombreuses. Il y a Laëtitia et Barbara de l'entreprise Double-Mixte, Stéphanie et Marie, du service communication, Krystel, la commissaire de l'expo et Nathalie, la graphiste de l'expo. Et aussi Pierre, le responsable du service Expo -invisible sur le cliché car parfois missionné photographe du blog...
Au cours de cette réunion, ça échange autour du graphisme. "Lettrages pleins ou en défonce ?". "Ça ne fait pas un peu trop affiche militante, là ?". Ça discute sur les couleurs. "Du noir, du jaune ou plutôt du rouge ?". "Plusieurs ou une seule couleur ?". Parfois, ça va même au-delà. "Et si on ajoutait un point d'interrogation à la fin du titre ?".
Bref, on déballe, parfois, on s'emballe pour finalement revenir sur la photographie de la sertisseuse LU, parce que décidément, elle est très esthétique. Merci aux Archives-Départementales de Loire-Atlantique - les détenteurs de l'image !
vendredi 18 novembre 2011
Une performance d'écriture au musée
Pour l'artiste, animer une façade si austère représente une véritable gageure. Et c'est vêtue d'un bleu de travail -non, ceci n'est pas un détail- que Delphine viendra chaque matin durant six jours, du 11 au 17 février 2012, "travailler au Château". Partager le quotidien du personnel du musée fait aussi partie de l'aventure -mes collègues ne s'étonneront donc pas de la croiser au réfectoire à l'heure du déjeuner...
Mais avant celà, il faudra préparer son arrivée et pour celà trouver des escabeaux. Beaucoup d'escabeaux. Si possible presque autant d'escabeaux qu'il y a de fenêtres sur un niveau -soit de dix à douze fenêtres -avis aux prêteurs ! Car c'est depuis l'intérieur du bâtiment que l'artiste écrira. A l'envers. Cela va de soi. Sans quoi, nous ne pourrions pas lire. Avouez que ce serait plutôt dommage. D'au tan tqu eDe lph ine nen ous fac ili ter adé jàp asl atâ che.. Une phrase répétitive dont la trame de lecture ne dépend que des fenêtres. Un vrai faux méli-mélo. Un peu comme "Ilo veyou", le titre du nouvel album de Camille MAIS EN BEAUCOUP PLUS DIFFICILE..
mardi 8 novembre 2011
Une scénographie en cours de validation
Cela n'a pas été facile. Il y avait beaucoup d'objets. Il a fallu tout caser. Le bâtiment du Harnachement n'est pas extensible.
En supprimer, c'est une idée. Mais pas la brouette des lavandières. Krystel y tient.
Il y a eu pas mal de tergiversations.
A présent, chacun des acteurs des différents services du musée -technique et publics- est invité à transmettre ses remarques concernant ce projet de scénographie. Parmi eux, il y a David, la personne ressources pour les publics handicapés. Le parcours garantit-il un accès facile aux personnes à mobilité réduite ? Et la brouette des lavandières ? Rassurez-vous, elle est toujours là. Non loin, sur une table, il y aura aussi des battoirs. Des battoirs de lavandières.
Des tables en guise de vitrines et des kakémonos -supports suspendus sur des cables- voilà pour les deux grands principes scénographiques.
Les tables pour l'horizontalité, en écho aux tables d'atelier, lignes de montage, bureau d'enseignante ou table de réunion...
Les kakémonos pour la verticalité, "inspirés du travail des lavandières, de l'activité des bateaux lavoirs nantais et de manière générale de tous les métiers féminins liés aux étoffes".
Non, rassurez-vous, il ne s'agit pas d'une exposition sur les lavandières mais bien d'une exposition sur les Nantaises au travail du 18e à nos jours.
Sur ces kakémonos seront reproduits en format XXL d'anciennes photographies et cartes postales.
Et pour parfaire l'ambiance, rien de tel que les couleurs. Une nouvelle palette a été définie, plus douce que la première, plus en adéquation avec le monde du travail. Exit le rose et le rouge flashy. Place au vert gris et au violet pastel.
"Elégant". Voilà comment Krystel a qualifié ce projet lors de sa présentation auprès de Delphine Bretesché.
Delphine est artiste. A l'occasion de l'exposition, elle viendra "travailler au château" -selon sa propre expression. Patience. Vous en saurez plus la semaine prochaine. Merci et à bientôt.
jeudi 13 octobre 2011
Ramener chez soi un p'tit bout de l'expo..
"Des auteures et des artistes femmes".
Ça y est ! Maïté et Stéphanie m'exposent l'orientation qu'elles souhaitent donner à la librarie-boutique le temps de l'exposition "Nantaises au travail".
Ce lieu devenu un passage incontournable du musée ne doit pas décevoir le public. Chacun doit y trouver son compte. Certes. Mais pas seulement. Et c'est là, peut-être, une spécificité d'une librairie-boutique de musée : celle-ci doit être capable de prendre des partis pris quitte à décevoir un certain public- sans viser personne...
L'orientation prise, il ne reste plus pour Maïté qu'à sélectionner les ouvrages écrits par des femmes; et supprimer un sexe ne complique pas forcément la tâche : la matière reste dense. Plus particulièrement, un genre s'avère très hasardeux : celui qui touche à l'humour sur les inégalités hommes-femmes. La difficulté pour Maïté et Stéphanie est de sélectionner les écrivaines et les artistes qui défendent les femmes avec humour de manière subtile...
Et là, j'ai posé le doigt où ça fait mal...
"Chaque exposition comporte sa difficulté", souligne Stéphanie. " Ainsi, pour l'exposition "Soie et Canon", c'est la quantité des "beaux" objets qui m'a posée problème pour sélectionner les visuels".
Pour Stéphanie, la "Madame objet" de la librairie-boutique, il ne s'agit pas de se tromper...L'enjeu est grand puisqu'il s'agit des images que tout visiteur qui se respecte recherche à la fin de l'exposition afin de ramener chez lui un souvenir de son objet "coup de coeur" via les cartes postales, magnets et badges...
Quant à ramener chez moi un objet décalé de l'expo ? Pourquoi pas...Je fais confiance à Stéphanie pour éviter de tomber dans le piège de la vulgarité. L'affaire semble délicate...Nous la suivrons de près. Promis !
lundi 3 octobre 2011
La grande entrée en scène
Et voilà qu'à présent, je ne sais plus où donner de la tête. Pourtant, il me faut bien démarrer cette histoire...
J'ai donc rencontré Laurence, la responsable du service ULTRA important car missionné pour concevoir un programme d'activités qui doit satisfaire le mieux possible à tous les publics : des très-très jeunes aux moins jeunes.
La tâche n'est pas aisée d'autant que parmi ceux-ci, certains viendront seuls, d'autres accompagnés (groupes scolaires, associatifs, entreprises...). A chacune de ces différentes pratiques doivent répondre différentes formes de visites : ateliers, visites guidées, circuit-enfants pour les familles en visite libre, et même "projets sur mesure" !
Laurence m'avait prévenue : elle ne peut pas me donner d'information précise, "c'est le démarrage"... Son équipe dans les starting-block, il ne lui reste plus à présent, qu'à activer son réseau : acteurs sociaux (ACCORD), enseignants détachés, collègues de la Direction Générale à la Culture de la Ville...Autant de personnes à rencontrer, autant de réunions de programmées. Laurence m'énumère les dates...Ça me donne le tournis. "Tu pourras venir" me propose-t-elle poliment. Moi qui ne savais déjà plus où donner de la tête...
jeudi 15 septembre 2011
"Petit dico machiste des femmes au travail"
Craignant l'effet "brèves de comptoir" et son style lourdaud -pardon, c'est quasi un pléonasme-, Louise a donc préféré proposer son "Petit dico machiste des femmes au travail".
Parmi les trente-huit définitions, on y trouve pêle-mêle des corps de métiers -infirmière, assistante sociale, collaboratrice de chantier, secrétaire-, des mots exclusivement réservés aux femmes -tampon, menstruations- et aussi des termes exclusivement féminins aux yeux des machistes -ragots, salade, mi-temps-.La principale source d'inspiration de Louise ? Les discussions avec des femmes qui travaillent. Souvent des amies. Elle m'avoue avoir été étonnée de la dureté de certains propos révélés.
C'est drôle tout en chatouillant là où ça fait mal...L'apparence de banalité de certains propos déconcerte souvent. Des préjugés tant entendus qu'ils relèveraient presque de l'ordre du réflexe. Pour sûr, ça donne à réfléchir !
Le texte écrit, il reste à présent à procéder au casting des voix... pour l'enregistrement. Pas de lecture en direct...Souvenez-vous, ces textes seront diffusés en boucle dans la cage d'escalier.
Hommes et femmes sensibles à tout préjugé machiste préparez vos boules quies !
Retrouvez Louise sur son blog. http://louisecourtin.blogspot.com/2011/08/un-blog-un.html
vendredi 9 septembre 2011
La scéno hors les murs...
Depuis quelques années, la cour est ainsi mise en scène. Pour "La Soie et le Canon", le scénographe Cyril Breteaud invitait les visiteurs à se reposer sur des petits kiosques ornés de lampions rouges.
Quant à la façade du bâtiment où sont présentées les expositions temporaires, elle est souvent relookée. Hier, un immense dragon rouge; aujourd'hui des portraits géants d'hommes et de femmes venus d'ailleurs. "Entrez, venez découvrir mon histoire", semblent-ils nous dire...
Et justement, si on entrait !
Dans cet imposant bâtiment du 18e siècle -appelé le Harnachement-, il faut prendre le monumental escalier pour visiter les "grandes" expositions.
Depuis l'accueil jusqu'aux premier et deuxième étages, on compte plusieurs espaces de circulation. Autant de "vides", que le musée tente de personnaliser à chaque exposition. La chose n'est pas facile car pour des raisons de sécurité, le scénographe est soumis à des règles drastiques : il ne s'agit pas de créer des "bouchons".
C'est ce même esprit de légèreté et d'humour un peu décalé que le musée souhaite rendre pour "Nantaises au travail" en faisant appel à une jeune auteure, Louise Courtin. A la fois drôle et percutant, son "Petit dico machiste des femmes au travail" risque d'en surprendre plus d'un ...et plus d'une. Bientôt, je rencontre Louise. Patience...
vendredi 2 septembre 2011
Mise en scène ? Première !
lundi 22 août 2011
Se faire beau pour le jour J
Munie d'un pinceau, Eva applique un traitement spécial cuir sur l'assise du siège. Avant celà, elle l'avait dépoussiéré à l'aide d'un aspirateur équipé de toutes petites brosses. Une heure après, je repasse voir le résultat. Satisfaite Eva ? "Oui, dans la mesure où je pense l'avoir rendu présentable". Mission accomplie donc. Merci Eva, à très bientôt.
lundi 1 août 2011
De nouvelles recherches documentaires ?
lundi 25 juillet 2011
Le double décimètre...
mercredi 13 juillet 2011
De la Vierge à Marie...
Sans réelle surprise, Candice me cite Anne de Bretagne.
Candice est médiatrice au musée. Et si ma question la déconcerte un peu c'est que ce thème est quasi inexistant au musée.
-Hormis les battoirs des lavandières et une photographie d'ouvriers et ouvrières de l'usine LU, je ne vois pas quel autre objet te montrer.
Et plutôt que ceux-ci, Candice préfère me montrer l'image d'une autre femme. Plus représentative du musée selon elle. C'est donc d'un pas décidé qu'elle me conduit jusqu'à la salle 10.
Sur notre droite, un tableau peint. Un portrait d'une femme. Pour une publicité ! Une surprise ?
Candice, dans son rôle de médiatrice : "Cette femme, peinte par Hippolyte Berteaux pour la biscuiterie LU, se réfère aux représentations traditionnelles de la Vierge". "Rien que ça !", murmurais-je.
-Le thème des Nantaises au travail n'est-il donc jamais abordé dans le musée ?
Candice réfléchit à voix haute : "La femme, la femme dans le musée". Puis, soudainement. "La visite sur Marie ! " .
"Encore une histoire de Vierge !", pensais-je.
Candice poursuit. "Marie est ouvrière à l'usine LU. Pour les groupes scolaires, on propose une visite sur son histoire. Histoire somme toute fictive, mais qui aurait très bien pu avoir existé. A travers elle, on évoque la vie quotidienne d'une ouvrière au 19e siècle. Marie voudrait une promotion. Elle se verrait bien contremaître.
-Et alors, elle réussit ?
-On ne devait pas plutôt parler du rôle d'un médiateur-référent d'exposition ?
-Ah, oui ? Peut-être bien... On se revoit quand ?
vendredi 8 juillet 2011
Rétroplanning pour une expo
vendredi 1 juillet 2011
Une affaire de sensibilisation
-Très vite, la photographie de Floresca Guépin par Disdéri s'est imposée. Je la trouve très forte. J'en suis tombé amoureux !
-Cette force l'est d'autant plus, qu'il s'agit d'un personnage important de l'histoire nantaise, non ?
-Oui. Floresca Guépin était une pionnière de la reconnaissance des droits à l'instruction des femmes. Elle est à l'origine de la fondation du lycée Vial, à Nantes.
-Et le second cliché, de qui s'agi-il ?
-D'une sertisseuse de boîtes LU. Ces deux images illustrent deux notions de l'exposition : le travail des femmes en usine et leur émancipation grâce à l'enseignement.
-Je me souviens t'avoir entendu dire que tu adores le papier. Sur cette maquette, leur sélection n'est pas perceptible. Tu veux bien nous en dire deux mots ?
-Avec plaisir ! Deux papiers seront utilisés. L'"Oikos" et le "Savile row plain". Les pages intérieures de l'ouvrage seront imprimées sur le premier. Il s'agit d'un papier recyclé à seulement 50%; c'est ce qui explique sa blancheur, tout en conservant des traces de bois. C'est ce qui me plait. Je ne voulais pas de papier couché. Pour un thème sur le travail, un papier au toucher particulier était pour moi essentiel.
jeudi 23 juin 2011
C'était la dernière séance...
dimanche 19 juin 2011
Les expositions sous le signe de la récup'
vendredi 10 juin 2011
La question du genre
mardi 31 mai 2011
Ambiance d'un tournage
Après une rapide visite des pièces, Christophe, le réalisateur du film, a jeté son dévolu sur la cuisine comme lieu de tournage. L'équipe peut s'installer. Martin et Bertrand, l'ingénieur du son et le caméraman, positionnent leur matériel. Christophe place Krystel et Carmen autour de la table. Bertrand ajuste l'éclairage à l'aide d'une "boîte à lumière". Martin, lui, écoute un essai d'enregistrement. Cela ne lui convient pas encore. Pendant ce temps, Krystel rassure Carmen. "Il vous suffit juste de raconter votre histoire de la même manière que l'autre jour et ce sera parfait". Anne sourit à Carmen. "Le plus long, c'est la préparation", indique-t-elle. C'est alors que Christophe se tourne vers elles. "C'est ok pour vous ?". Puis le regard vers Bertrand et Martin : "On va pouvoir y aller ! SILENCE, ON TOURNE !".
Il est 15 h 45, Krystel pose la première question. Une demi-heure plus tard, l'interview s'achève. Krystel s'assure auprès de Christophe que rien n'a été oublié. Puis, s'adressant à Anne : "tu vois autre chose ?".
Un mouchoir à la main, Anne est visiblement émue par le témoignage de Carmen. Il est 16 h 30, sur le chemin du retour, dans la voiture, l'ambiance est moins légère qu'à l'aller.
jeudi 26 mai 2011
Des témoignages, pour quoi faire ?
Dans l'exposition, leurs témoignages ne prendront pas tous la même forme.
Ceux d'Aïcha, Laurence, Morgane et Nicole ont été recueillis par écrit dans le cadre d'un appel à collecte. Vingt femmes avaient alors répondu à l'invitation lancée par le musée en octobre dernier. Ces témoignages seront exposés en fin de parcours, sur un mur de "portraits sensibles", une "sorte de tableau sensible de quelques femmes au travail aujourd'hui".
Quant aux témoignages d'Annie, Cécile, Claire et Huguette, ils ont été filmés. Choisies parce qu'elles sont caissière, assistante maternelle, infirmière ou encore avocate, leurs témoignages prendront place dans l'ensemble du parcours de l'exposition. Leur présence est indispensable. Au service du message, du discours de l'exposition, ces films permettent de s'interroger sur l'époque contemporaine. Ce qui intéresse Krystel, c'est le ressenti de ces femmes sur leur parcours de vie et parcours professionnel. En aucun cas, leur discours n'a été pré-construit ou guidé. Parmi les onze films, il y a le film de Roselyne.
Roselyne est caissière dans une grande surface de la communauté urbaine de Nantes. Son témoignage prendra place parmi des objets, des photographies et un film de l'INA, dans la section consacrée aux vendeuses et caissières.
L'ensemble de ces portraits, qu'ils aient été recueillis par écrit, photographiés ou filmés, produisent des tableaux subjectifs ; des témoignages en somme, de beaux témoignages de Nantaises qui ont des choses à raconter.
mardi 17 mai 2011
Expositions-rencontres : un laboratoire pour l'évolution du musée
Quatre ans après la première exposition-rencontres du Musée, "Nantais, qui sommes-nous ?", "Nantaises au travail" proposera de nouveaux rendez-vous pour débattre de sujets actuels grâce à l'installation, au sein même de l'exposition, d'un café des Rencontres. L'AURAN, partenaire scientifique de "Nantaises au travail" avait déjà collaboré à "Nantais, qui sommes nous ?" en présentant au cours d'un de ces échanges, une radioscopie des Nantais.
C'est alors que je m'interroge. Toute cette masse de production documentaire (collecte de témoignages, campagnes photographiques et données statistiques fournies par l'AURAN), ne pourrait-elle pas être réutilisée dans l'exposition permanente du musée ? Croyant avoir soudainement inventé l'eau chaude, je me précipite chez Krystel lui exposer ma brillantissime idée. Krystel sourit.
La salle 29 du musée d'Histoire de Nantes
lundi 16 mai 2011
Accroché par un titre
mercredi 4 mai 2011
Ecris-moi un cartel
Ce travail de rédaction n'est pas chose facile. Tout commissaire d'exposition sait que les visiteurs lisent à peine un tiers des textes. En général, les textes généraux (tels que les titres) sont davantage lus que les cartels liés à un objet particulier. Il doit en prendre son parti et chercher à améliorer leur attractivité.
Selon Krystel, rédiger un cartel pour chaque objet est cependant essentiel car celui-ci permet d'avancer dans le discours général. "Tous les documents et objets présentés apportent un élément nouveau au discours général, ils sont tous au service du message que l'on souhaite transmettre", souligne-t-elle.
En outre, le "visiteur-butineur" doit pouvoir se renseigner sur l'objet qui l'intéresse particulièrement. Qui n'a pas un jour vécu l'expérience de se sentir frustré par l'absence d'information concernant l'objet sur lequel il a flashé !
- "La difficulté est de ne pas noyer le visiteur dans trop d'informations. Il faut aller à l'essentiel. J'ai essayé de les faire courts en me limitant à 600 signes pour chaque cartel", précise Krystel.
- J'imagine qu'en ce qui concerne la rédaction des textes, chaque exposition comporte sa propre difficulté. De quel ordre était-elle pour l'exposition "Les Nantaises au travail" ?
- Dans le cadre d'un atelier Nantes-Histoire, les membres de l'association m'ont signalé le nombre important de chiffres mentionnés dans certains cartels. J'ai dû en supprimer sinon les textes auraient été trop indigestes pour le visiteur.
-Et qu'as-tu prévu pour le public particulièrement sensible à ces données statistiques ?
-Bien entendu, il ne sera pas lésé. Il les retrouvera sous une autre forme, au Café des rencontres.
- Des rencontres avec des chiffres dans un café ? Et qui plus est, dans une exposition ! Hum... Décidément, des explications s'imposent. Je repasse te rendre visite bientôt. Merci Krystel et merci Fabien pour le dessin.
mercredi 27 avril 2011
Des objets prêtés par le lycée Vial
Avec Krystel, Réjane a exhumé ces objets du grenier du lycée. Dénicher des objets à l'extérieur du musée fait partie de ses tâches favorites. Il n'est pas rare de la voir toute excitée à la suite d'une trouvaille sur internet. Et en bonne collègue, Réjane m'en fait évidemment profiter.
- Le musée de la poste conserve un standard téléphonique d'époque. Ce serait parfait ça pour illustrer la partie concernant les "demoiselles du téléphone" !
Et le jour suivant, à la suite d'un rendez-vous auprès de la Croix-Rouge.
- "Regarde un peu, j'ai photographié les objets que la Croix-Rouge pourrait nous prêter pour l'expo, intéressant, non ? ".
- La Croix-Rouge ? C'est pour l'expo sur les guerres, ça, pas pour l'expo sur les femmes ! "
- "Les femmes, les femmes, y'a que ça qui t'intéresse !"
En l'occurrence, non, il n'y a pas que les femmes qui m'intéresse...
- Mais au fait, Réjane, pourquoi le lycée Vial ?
- A Nantes, avec Guisth'au, Vial fait partie des deux premiers établissements scolaires à donner l’accès aux filles à l’enseignement. Fondé par le docteur Ange Guépin, en 1869, l'initiative de cet "atelier-école" est remarquable, par la qualité de l’enseignement et par l’approche moderne qui consiste à développer un enseignement professionnel pour les femmes. Il prend modèle sur la première école professionnelle de jeunes filles, créée à Paris, à l’initiative d’Élisa Lemonnier, en 1862.
- Merci Réjane pour la lecture des cartels mais on va peut-être s'en tenir là, sans quoi, d'ici l'ouverture de l'exposition (début d'année prochaine pour rappel), l'ensemble de son contenu n'aura de secret pour personne, du moins pour nos lecteurs...Merci Réjane, merci au lycée Vial et à bientôt.
mercredi 20 avril 2011
Premières réflexions autour du catalogue d'exposition
Aurélien est chargé du suivi éditorial. Il a préparé ma visite. Des tas de documents m’attendent sur la table : budget, échantillons de papier, cahier technique, chemin de fer…
Il est en forme. Il paraît assez fier de me parler du catalogue de l’exposition « Nantaises au travail ». Si jusqu’ici il assistait Evelyne dans le suivi éditorial, pour ce catalogue-ci, il en est le responsable. Du choix du papier à la livraison des ouvrages, c’est lui qui chapeaute tout.
- Tu en es où en ce moment ?
- Je termine le cahier technique, c’est lui qui définit la fabrication : le format, la pagination, le façonnage, le choix du papier… En fonction de celui-ci et du contenu de l’exposition (textes et images), j’ai conçu un chemin de fer.
Et là, il me montre un document couvert de jolis rectangles bleu et jaune.
- Un nuancier de couleurs ?
Aurélien pouffe de rire (très bon public).
- Juste un chemin de fer ma chère ! C’est le squelette de l’ouvrage. Il séquence les pages : le nombre de pages de servitude, de pages pour l’introduction, pour chaque chapitre….Il positionne aussi les images. En jaune, ce sont les pages de servitude (pages institutionnelles, pages-titres, sommaire, textes des directeurs du musée et de l’AURAN) ; en bleu clair, les textes de Krystel et en bleu foncé, les textes de l’AURAN. Tu sais l’Ag..
Et là, très impoliment, je lui coupe la parole.
- Oui, l’Agence d'Urbanisme de l'Agglomération nantaise . Anne m’a expliqué la semaine dernière la collaboration de l’AURAN avec le musée… Justement, comment se répartit le travail de l’écriture ?
-Chaque article rédigé par Krystel sera suivi d’un texte écrit par l’Agence. Ce dernier, en fournissant des données contemporaines répondra au premier texte de nature historique.
- Ça c’est pour le contenu. Et pour le graphisme, as-tu une ligne directrice sur laquelle t’appuyer ?
Aurélien jette un rapide coup d’œil vers Evelyne avant de me répondre que le service édition a bien un credo. Il me le révèle : « clarté, lisibilité et élégance ». Plutôt pas mal comme programme…
Aurélien précise.
- Pour la lisibilité, le choix de la typographie est primordial. Par exemple, nous sommes particulièrement vigilants à ce que les points, les virgules et les capitales soient bien identifiables. Pour le catalogue « Nantaises au travail », je n’ai pas encore choisi la typo. Pour l’instant, j’en suis aux essais.
Et lorsque je lui demande de me montrer une ébauche, il se fait prier. Bon, pour la bonne cause, il accepte de me présenter une ébauche de couverture.
« Précise bien toutefois dans ton article qu’il ne s’agit que d’une ébauche qui a tout le temps d’évoluer», me recommande t-il.
- Promis Aurélien. Je repasserai te voir lorsque la couverture sera validée ! Merci et à bientôt.
vendredi 15 avril 2011
Des chiffres passés à la moulinette
mardi 12 avril 2011
Steffie, une technicienNE-lumière
Je l'attends au réfectoire. La photo d'elle prise par Alain est posée sur la table. Je souris. Plutôt drôle cette photo. Steffie brandit fièrement deux outils, un cadreur et un magnéto numérique.
Justement, toute de pantalon vêtue, elle arrive.
La jupe, c'était uniquement pour la photo. Exercer le métier de technicienne-lumière en jupe n'est pas chose aisée...
Très vite, la conversation dévie du métier lui-même vers la condition d'une femme travaillant dans un milieu masculin.
-Etre technicienne-lumière dans le milieu du spectacle vivant, c'est facile ?
-Pas toujours. Sous couvert d'être protecteurs envers toi, les hommes protègent leur place. C'est un milieu souvent machiste. Pour prouver sa valeur, une femme doit parfois en faire deux fois plus qu'un homme, me confie-t-elle.
Et là, je pense à mes collègues du technique. Ce n'est pas vraiment l'image que je me faisais d'eux...Du coup, j'interroge Steffie.
-Et au château ?
-Au château, l'ambiance est différente. Ceci s'explique par les impératifs qui diffèrent de ceux du milieu du spectacle vivant -les délais sont plus longs-, et le fait aussi que je travaille avec la même équipe sur le long terme. J'ai trouvé ma place au sein du service technique. Je me suis adaptée à l'"ambiance mecs", dans mes actes, ma tenue vestimentaire et aussi un peu mon vocabulaire. On pourrait dire que j'enfile un "autre moi". Pour me faire entendre au milieu des voix d'hommes, parfois, je dois hausser le ton et employer un autre vocabulaire.
Non sans crédulité, je me hasarde à lui demander si cette forme de mimétisme est vraiment nécessaire.
-En quelque sorte oui. Mais ça se fait naturellement, par réflexe, me répond-elle.
Et là, je dois faire de drôles de yeux car elle ajoute aussitôt s'y sentir bien, dans cette équipe.
Me voilà rassurée. Merci Steffie !
Et c'est tout moi, ça ! Je m'emporte et j'en oublie l'objet du blog...Tant pis, la prochaine fois, je vous dis tout sur le métier d'éclairagiste dans un musée. Ciao !
jeudi 7 avril 2011
Enigme avant portrait
mardi 5 avril 2011
Un regard sur les femmes au travail
mercredi 30 mars 2011
Toute une histoire
I - Première partie : de la précarité à la formation professionnelle. II - Deuxième partie : l’accès aux formations qualifiantes et les nouveaux métiers « féminins ». III - Troisième partie : les grandes concentrations de main d’œuvre féminines
-Mais Krystel, tu es en train de tout nous dévoiler le scénario ! Bon, avant que tu nous racontes toute l’histoire…car c’est bien de cela qu’il s’agit, non ?
-Oui, concevoir une exposition, c’est raconter une histoire. Celle-ci nous raconte une histoire, en ce sens où les objets en eux-mêmes ne sont pas signifiants. C’est l’exposition, qui donne du sens aux objets. Prends par exemple une machine à écrire. En elle-même, celle-ci est porteuse de plusieurs sens. On pourrait considérer que le rôle de l’exposition serait de s’intéresser à l’évolution technologique. Un autre exemple : l’exposition « Astérix » qui a eut lieu l’an dernier au musée de Cluny, la machine à écrire de Goscinny était un objet parmi d’autres pour montrer le processus de fabrication d’une page de BD…Dans l’exposition Nantaises au travail, ce qui m’intéresse c’est de montrer, à travers l’exemple de l’accès aux femmes aux métiers du secrétariat (illustrée notamment pour la machine à écrire), l’évolution des métiers féminins vers des « carrières ».
-Et bien quelle histoire ! Peux-tu m’en dire un peu plus sur la manière d’écrire un scénario ?
-De l’analyse de la matière scientifique (en partie issue des recherches effectuées par l’association Nantes-Histoire), certaines thématiques sont dégagées. De là, il faut construire un discours autour d’un fil directeur. Pour l’exposition Nantaises au travail, le fil d’Ariane est la valorisation du travail des femmes et les combats menés pour y arriver. A la différence d’un film, et là, c’est la grande spécificité d’une exposition, écrire un scénario, c’est structurer le discours dans un espace en trois dimensions. Le scénario amène du sens à l’exposition et fait que celle-ci fonctionne –ou non- auprès du visiteur.
-Et justement, selon toi, qu’est-ce qu’un « bon scénario » d’expo ?
-Un bon scénario, c’est un scénario qui démontre quelque chose, tout en interrogeant le visiteur. Pour l’exposition Nantaises au travail, nous souhaitons démontrer que tous les problèmes rencontrés par les femmes au travail ne sont pas résolus.
-Bon, je t’arrête de nouveau avant que tu nous en dises plus…Tu me sembles bien partie pour tout nous décrire. Je reviendrai te voir pour le ton.
-Le ton ?
-Oui, le ton donné à un scénario ! C’est important, ça, non ? Bon, je te laisse écrire tes cartels, je repasse bientôt. Ciao.
La fameuse machine à écrire...
vendredi 25 mars 2011
Le temps des recherches
Pour l’exposition « Nantaises au travail du 18e siècle à nos jours », Krystel peut s’appuyer sur celles effectuées par une vingtaine de membres de l’association Nantes-Histoire (http://www.nantes-histoire.org/).
Durant près d’un an et demi, ces bénévoles ont fréquenté assidûment les archives municipales et départementales, le Centre d’Histoire du Travail et les musées nantais (musée Dobrée et musée d’Histoire de Nantes), sous la houlette de l’historien Alain Croix.
Parmi eux, il y a Marcelle Tardy. C’est la doyenne du groupe. Madame Tardy a bien voulu me rencontrer cette semaine pour discuter de la façon dont elle a contribué à ces recherches historiques.
Au début, j’avais prévu de vous podcaster une interview filmée mais faute d’avoir réussi, je préfère vous livrer cet échange sous forme écrite.
Comment avez-vous procédé ?
On s’est réparti le travail en plusieurs groupes. L’une des principales sources exploitée par le mien était le recensement de 1901. Pour ce dépouillement, au sein du groupe, nous nous sommes partagés la tâche en choisissant chacun une zone géographique. Pour ma part, je me suis intéressée à la commune de Doulon. Durant plus d’un an, à raison d’une fois par semaine, je me rendais aux archives municipales. C’était passionnant, quelque fois fastidieux car parfois je ne trouvais rien mais au final, très enrichissant.
Et qu’avez-vous trouvé ?
J’ai trouvé la mention de nombreuses cigarières qui travaillaient à la manufacture des Tabacs, plusieurs épicières-mercières, des tailleuses qui confectionnaient des costumes pour l’armée et les PTT, une gouvernante, une sténo-dactylo et une dame de compagnie.
Aujourd’hui, ce travail de recherches est terminé. Pourtant, je vous vois, vous et les autres membres du groupe Nantes-Histoire, assez régulièrement au Musée ? C’est que notre travail à vos côtés ne se limite pas aux recherches ! Contrairement à d’habitude, l’objectif pour nous n’était pas de réaliser une publication mais d’élaborer une exposition. Le Château, via Krystel Gualdé, a accepté de travailler avec nous sur ce projet. C’est pourquoi, environ une fois par mois, nous nous réunissons pour construire ensemble l’exposition. Contribuer à réaliser un scénario d’exposition, donner notre avis sur les cartels écrits par Krystel… pour nous, ce travail est inédit. C’est sûr qu’à présent, je ne regarderai plus une exposition de la même manière. Mais là, je dévie vers un autre sujet, non ?
Oui, un peu…nous en resterons là si vous le voulez bien. Merci à vous Marcelle.
Effectivement, c’est le travail de recherches que je souhaitais aujourd’hui vous révéler. L’écriture du scénario, c’est une autre histoire. Mardi prochain, je pense m’y intéresser…
*Samuel Guicheteau, La Révolution des ouvriers nantais. Mutation économique, identité sociale et dynamique révolutionnaire (1740-1815), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2008.
mardi 22 mars 2011
Un dessinateur pour le blog
Il s’appelle Fabien.
Fabien est médiateur au musée.
Depuis les années 1980, Fabien dessine. Il aime dessiner les têtes de ses instits et aime qu’on lui raconte des histoires. Il n’aime pas dessiner les mains des bonshommes et n’aime pas spécialement dessiner les carrés.
Depuis 2001, année de son entrée au château, il aime gribouiller les notes de travail de ses collègues-médiateurs et aime tout particulièrement caricaturer les victimes de ses gribouillages. Il n’aime pas dessiner les têtes des gargouilles parce que ça donne le torticolis.
Depuis 2007, année de l’ouverture du musée d’Histoire de Nantes, il aime toujours croquer ses collègues-médiatrices (uniquement des femmes…), il aime aussi se faire chouchouter par ces mêmes collègues et aime par-dessus tout dessiner des têtes psychédéliques (chacun ses petits travers). Il n’aime pas qu’on lui pique ses crayons et déteste s’énerver.
Depuis quelques années, son goût pour le dessin n’étant un secret pour personne au château, il est quasi devenu le dessinateur « officieux » du service des publics du musée. Il dessine pour les ateliers des enfants et aussi pour les visites guidées.
Adèle et Justin, les deux personnages principaux du « Conte de Noël », une visite familiale conçue pour Noël, sont de lui. Pour l’exposition « Nantais venus d’ailleurs », il a aussi dessiné des enfants de différents continents pour l’atelier des enfants.
Bref, Fabien, à l’instar de ses onze collègues médiatrices, a plusieurs flèches à son arc. Les compétences requises pour être médiateur ? Il doit savoir écrire des scénarii de visites, savoir parfaitement bien accueillir tout public, avoir une bonne culture générale, être toujours aimable avec les visiteurs, savoir rester poli en toute circonstance (du moins, lors des visites et ateliers). Il est aussi particulièrement bien vu de savoir jouer la comédie, de connaître le langage des signes, d'être polyglotte (dix langues est un minimum), d'être un bon bricoleur (notamment pour les découpages), enfin, savoir dessiner est un plus très apprécié.