mardi 31 mai 2011

Ambiance d'un tournage

Couëron, vendredi 1e avril, 15 h 00. Une équipe de tournage envahit la maison de Carmen. Secrétaire au chômage, Carmen va témoigner de sa difficulté à retrouver du travail suite à son arrêt maladie en raison d'un cancer du sein.
Après une rapide visite des pièces, Christophe, le réalisateur du film, a jeté son dévolu sur la cuisine comme lieu de tournage. L'équipe peut s'installer. Martin et Bertrand, l'ingénieur du son et le caméraman, positionnent leur matériel. Christophe place Krystel et Carmen autour de la table. Bertrand ajuste l'éclairage à l'aide d'une "boîte à lumière". Martin, lui, écoute un essai d'enregistrement. Cela ne lui convient pas encore. Pendant ce temps, Krystel rassure Carmen. "Il vous suffit juste de raconter votre histoire de la même manière que l'autre jour et ce sera parfait". Anne sourit à Carmen. "Le plus long, c'est la préparation", indique-t-elle. C'est alors que Christophe se tourne vers elles. "C'est ok pour vous ?". Puis le regard vers Bertrand et Martin : "On va pouvoir y aller ! SILENCE, ON TOURNE !".
Il est 15 h 45, Krystel pose la première question. Une demi-heure plus tard, l'interview s'achève. Krystel s'assure auprès de Christophe que rien n'a été oublié. Puis, s'adressant à Anne : "tu vois autre chose ?".
Un mouchoir à la main, Anne est visiblement émue par le témoignage de Carmen. Il est 16 h 30, sur le chemin du retour, dans la voiture, l'ambiance est moins légère qu'à l'aller.

jeudi 26 mai 2011

Des témoignages, pour quoi faire ?

Aïcha, Annie, Cécile, Claire, Huguette, Laurence, Michèle, Morgane, Nicole, Roselyne, Stéffie et bien d'autres encore ; toutes ont accepté de témoigner de leur activité professionnelle.
Dans l'exposition, leurs témoignages ne prendront pas tous la même forme.
Ceux d'Aïcha, Laurence, Morgane et Nicole ont été recueillis par écrit dans le cadre d'un appel à collecte. Vingt femmes avaient alors répondu à l'invitation lancée par le musée en octobre dernier. Ces témoignages seront exposés en fin de parcours, sur un mur de "portraits sensibles", une "sorte de tableau sensible de quelques femmes au travail aujourd'hui".
Quant aux témoignages d'Annie, Cécile, Claire et Huguette, ils ont été filmés. Choisies parce qu'elles sont caissière, assistante maternelle, infirmière ou encore avocate, leurs témoignages prendront place dans l'ensemble du parcours de l'exposition. Leur présence est indispensable. Au service du message, du discours de l'exposition, ces films permettent de s'interroger sur l'époque contemporaine. Ce qui intéresse Krystel, c'est le ressenti de ces femmes sur leur parcours de vie et parcours professionnel. En aucun cas, leur discours n'a été pré-construit ou guidé. Parmi les onze films, il y a le film de Roselyne.
Roselyne est caissière dans une grande surface de la communauté urbaine de Nantes. Son témoignage prendra place parmi des objets, des photographies et un film de l'INA, dans la section consacrée aux vendeuses et caissières.
L'ensemble de ces portraits, qu'ils aient été recueillis par écrit, photographiés ou filmés, produisent des tableaux subjectifs ; des témoignages en somme, de beaux témoignages de Nantaises qui ont des choses à raconter.

mardi 17 mai 2011

Expositions-rencontres : un laboratoire pour l'évolution du musée

Des chiffres dans une exposition, c'est bien. Ecouter des experts (sociologues, géographes, historiens...) les commenter tout en buvant un café, c'est encore mieux.
Quatre ans après la première exposition-rencontres du Musée, "Nantais, qui sommes-nous ?", "Nantaises au travail" proposera de nouveaux rendez-vous pour débattre de sujets actuels grâce à l'installation, au sein même de l'exposition, d'un café des Rencontres. L'AURAN, partenaire scientifique de "Nantaises au travail" avait déjà collaboré à "Nantais, qui sommes nous ?" en présentant au cours d'un de ces échanges, une radioscopie des Nantais.
C'est alors que je m'interroge. Toute cette masse de production documentaire (collecte de témoignages, campagnes photographiques et données statistiques fournies par l'AURAN), ne pourrait-elle pas être réutilisée dans l'exposition permanente du musée ? Croyant avoir soudainement inventé l'eau chaude, je me précipite chez Krystel lui exposer ma brillantissime idée. Krystel sourit.

-Bien entendu, le contenu de ces deux expositions-rencontres nourriront la réécriture des salles contemporaines du musée, en particulier celle de la salle 29. Intitulée "Aujourd'hui la ville", la muséographie de cette salle consacrée au regard des nantais sur leur ville, en alliant interactivité et témoignages, doit pouvoir évoluer au gré des questionnements contemporains".

Je rougis. Krystel m'explique le projet d'évolution du musée. "La nécessité de faire évoluer périodiquement les salles présentant les périodes les plus récentes est un défi auquel sont confrontés tous les musées d'histoire, sous peine de se retrouver rapidement en décalage avec la réalité et les attentes contemporaines".

C'est passionnant. Finalement, ne pas craindre le ridicule peut avoir du bon. Merci Krystel et à bientôt !


La salle 29 du musée d'Histoire de Nantes

lundi 16 mai 2011

Accroché par un titre

Ça y est ! L'exposition "Nantais venus d'ailleurs" est en scène, place au travail sur d'autres expositions : "Nantaises au travail", bien sûr, mais pas seulement. En cours aussi, la préparation d'une exposition sur les deux guerres mondiales à Nantes et une autre sur "l'Austria". "Austria ? Une exposition sur l'Autriche ?". Soit, ce titre n'est pas très explicite et pour cause. A l'heure actuelle, il ne s'agit que d'un titre de travail, le "petit nom" d'un projet d'exposition utilisé en interne. Justement, dans quelques semaines, vous en saurez plus car une réunion de travail pour forger le titre officiel vient d'être planifiée.

Et pour "Nantaises au travail" ? "En fait, nous avons précisé le titre de travail en ajoutant un sous-titre. "Nantaises au travail" est ainsi devenue "Nantaises au travail du 18e siècle à nos jours. Des indienneuses aux ingénieur(e)s", me précise Krystel.

Quant à l'Austria, si le titre est bon, vous devrez comprendre d'emblée de quoi l'exposition retournera. Mieux encore, peut-être ce titre arrivera-t-il à vous accrocher ?

mercredi 4 mai 2011

Ecris-moi un cartel

La chasse aux objets est aujourd'hui terminée. Krystel en a sélectionnés 113. A présent, le travail de l'écriture peut commencer (à vrai dire, il est même terminé...).
Ce travail de rédaction n'est pas chose facile. Tout commissaire d'exposition sait que les visiteurs lisent à peine un tiers des textes. En général, les textes généraux (tels que les titres) sont davantage lus que les cartels liés à un objet particulier. Il doit en prendre son parti et chercher à améliorer leur attractivité.
Selon Krystel, rédiger un cartel pour chaque objet est cependant essentiel car celui-ci permet d'avancer dans le discours général. "Tous les documents et objets présentés apportent un élément nouveau au discours général, ils sont tous au service du message que l'on souhaite transmettre", souligne-t-elle.
En outre, le "visiteur-butineur" doit pouvoir se renseigner sur l'objet qui l'intéresse particulièrement. Qui n'a pas un jour vécu l'expérience de se sentir frustré par l'absence d'information concernant l'objet sur lequel il a flashé !
- "La difficulté est de ne pas noyer le visiteur dans trop d'informations. Il faut aller à l'essentiel. J'ai essayé de les faire courts en me limitant à 600 signes pour chaque cartel", précise Krystel.
- J'imagine qu'en ce qui concerne la rédaction des textes, chaque exposition comporte sa propre difficulté. De quel ordre était-elle pour l'exposition "Les Nantaises au travail" ?
- Dans le cadre d'un atelier Nantes-Histoire, les membres de l'association m'ont signalé le nombre important de chiffres mentionnés dans certains cartels. J'ai dû en supprimer sinon les textes auraient été trop indigestes pour le visiteur.
-Et qu'as-tu prévu pour le public particulièrement sensible à ces données statistiques ?
-Bien entendu, il ne sera pas lésé. Il les retrouvera sous une autre forme, au Café des rencontres.
- Des rencontres avec des chiffres dans un café ? Et qui plus est, dans une exposition ! Hum... Décidément, des explications s'imposent. Je repasse te rendre visite bientôt. Merci Krystel et merci Fabien pour le dessin.