mardi 12 avril 2011

Steffie, une technicienNE-lumière



©Alain Guillard, musée d’Histoire de Nantes

Parce qu'elle en avait assez de chercher des cachets, assez de sans-cesse devoir "activer son réseau", bref, assez du statut d'intermittent du spectacle, à 42 ans, Steffie, "technicienne polyvalente de spectacle vivant", a ressenti le besoin de se stabiliser en prenant un poste de "technicienne-éclairagiste-multimedia" au château.
Je l'attends au réfectoire. La photo d'elle prise par Alain est posée sur la table. Je souris. Plutôt drôle cette photo. Steffie brandit fièrement deux outils, un cadreur et un magnéto numérique.
Justement, toute de pantalon vêtue, elle arrive.
La jupe, c'était uniquement pour la photo. Exercer le métier de technicienne-lumière en jupe n'est pas chose aisée...
Très vite, la conversation dévie du métier lui-même vers la condition d'une femme travaillant dans un milieu masculin.
-Etre technicienne-lumière dans le milieu du spectacle vivant, c'est facile ?
-Pas toujours. Sous couvert d'être protecteurs envers toi, les hommes protègent leur place. C'est un milieu souvent machiste. Pour prouver sa valeur, une femme doit parfois en faire deux fois plus qu'un homme, me confie-t-elle.
Et là, je pense à mes collègues du technique. Ce n'est pas vraiment l'image que je me faisais d'eux...Du coup, j'interroge Steffie.
-Et au château ?
-Au château, l'ambiance est différente. Ceci s'explique par les impératifs qui diffèrent de ceux du milieu du spectacle vivant -les délais sont plus longs-, et le fait aussi que je travaille avec la même équipe sur le long terme. J'ai trouvé ma place au sein du service technique. Je me suis adaptée à l'"ambiance mecs", dans mes actes, ma tenue vestimentaire et aussi un peu mon vocabulaire. On pourrait dire que j'enfile un "autre moi". Pour me faire entendre au milieu des voix d'hommes, parfois, je dois hausser le ton et employer un autre vocabulaire.
Non sans crédulité, je me hasarde à lui demander si cette forme de mimétisme est vraiment nécessaire.
-En quelque sorte oui. Mais ça se fait naturellement, par réflexe, me répond-elle.
Et là, je dois faire de drôles de yeux car elle ajoute aussitôt s'y sentir bien, dans cette équipe.
Me voilà rassurée. Merci Steffie !
Et c'est tout moi, ça ! Je m'emporte et j'en oublie l'objet du blog...Tant pis, la prochaine fois, je vous dis tout sur le métier d'éclairagiste dans un musée. Ciao !

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