lundi 4 juin 2012

Que reste-il de "Nantaises au travail " ?

Des écrits...
...Le catalogue de l'exposition. Épuisé, malheureusement, mais téléchargeable depuis ce lien http://www.chateau-nantes.fr/fichier/t_download/2361/download_fichier_fr_catalogue_nantaises.au.travail.pdf
...Et aussi, des travaux réalisés par des jeunes et des adultes dans le cadre d'ateliers d'écriture (mis en forme par Aurélien, notre graphiste éditorial préféré). Je vous invite à consulter ceux menés par Louise Courtin via ce lien http://www.chateau-nantes.fr/fichier/t_download/lcourtin_etsi.pdf

Des chiffres...
...Et si le succès d'une exposition ne se mesure pas seulement au nombre de visiteurs qu'elle reçoit, son taux de fréquentation reste un élément clef; l'exposition "Nantaises au travail" a accueilli 16 027 visiteurs.

Des souvenirs...
...Mais au fait, quels souvenirs les visiteurs ont-ils de l'exposition ? Et c'est là que tout se complique. Le retour vers le musée de ce que pensent les visiteurs est rare. A défaut d'une enquête évaluative, pour l'expo "Nantaises au travail", seules les fiches "Votre avis nous intéresse" permet de mesurer une certaine tendance (même si elle ne peut être représentative de l'ensemble des visiteurs). J'ai déjà écrit un billet sur ceci (http://nantaisesautravail.blogspot.fr/2012/03/votre-avis-nous-interesse.html..). D'ailleurs, une question me turlupine,  "Qui remplit ces avis ? "

 ..Mais au fait, qu'en pense la commissaire d'exposition ? De ce chiffre ? De ces avis ? L'objectif qu'elle s'était fixé a-t-il été atteint ?
Krystel, "Votre avis nous intéresse" !

vendredi 1 juin 2012

La culture pour tous

Aujourd'hui, place à un « Nantais au travail "!  Ça tombe bien, c'est plutôt quelqu'un qui apprécie les Nantaises et qui, surtout, a de fortes convictions concernant le travail ! 
Ce Nantais, c’est David, un collègue, chargé de l’accessibilité au musée...
Un DUT Carrières Sociales à Rennes I en poche, il arrive au Château comme objecteur de conscience à la fin du 15ème, à l’époque de construction des loggias, euh… pardon en 1997 (on était quand même à l’époque du franc…). Au début, animateur pour tous les publics, il deviendra THE spécialiste des "nouveaux publics" (à une certaine époque, on disait "chargé du public à besoins spécifiques"). Entre temps, il obtient le concours territorial d'assistant de conservation...la consécration...
 Visite de l'expo "Nantaises au travail" par un groupe de déficients visuels de l'Institut des Hauts-Thébaudières de Vertou
« La culture pour tous » ou encore comment « savoir vulgariser sans tomber dans le simplissime » (dixit son maître à penser, le québécois Roland Arpin) : telle est sa philosophie dans le travail.  
Comment rendre accessible un château fort et un musée d'histoire ? En rendant accessible le monument, oui mais aussi en tissant des liens avec des associations nantaises socio-culturelles.  Selon lui, ces liens doivent avant tout être des échanges. Grâce à ce réseau de partenaires tissé au fil des années, David peut à présent monter de véritables projets destinés à des publics a priori rétifs à une exposition d'histoire. L'expo  "Nantaises au travail" était propice à accueillir des publics dits nouveaux, adultes en insertion professionnelle et en situation de handicap, car il était facile pour ces publics de s'identifier aux femmes qui souvent, comme eux, se trouvent exclues...Exclus du monde du travail, exclus du monde culturel, exclus de la société en général. 
Un des nombreux projets mis en place par David pour rendre accessible le musée au public en situation de handicap: depuis 2010, le visioguide est proposé aux visiteurs malentendants et sourds
"La culture pour tous" ou comment lutter contre l'exclusion en facilitant la participation à la vie culturelle de personnes en difficulté. Cette lutte contre l'inégalité, au château, David l'a exercée à double titre puisqu'il a été aussi, représentant du personnel et délégué syndical CGT. Pour lui, défendre l’idée qu’une personne en fauteuil ou un déficient intellectuel puisse découvrir le musée dans les meilleures conditions possibles et défendre une « Nantaise au travail » au château vont de paire. 
Dans les deux cas, ce n'était pas gagné… mais les résultats sont là !
Et quand, à la question posée "Quelle expo as-tu préférée au musée ? ", David nous répond sans hésiter "Jules Grandjouan" (un affichiste nantais engagé politiquement), on ne peut s'empêcher de sourire...La raison  de ce choix ? Son fort succès auprès du public mal voyants. Nous, on ne peut se retenir de penser à la fameuse phrase écrite par l'artiste sur une de ses affiches, "Honte à celui qui ne se révolte pas contre l'injustice sociale".
Remise du prix "Musée pour tous", au Ministère de la Culture, en 2008. David (le plus grand sur la photo) est accompagné de Laurence D'Haene, responsable du service des publics et de Bertrand Guillet, directeur du musée
Aujourd’hui, 1er juin 2012, alors que va bientôt débuter le "Voyage à Nantes", David a terminé son voyage au château pour s'en aller vers d’autres horizons. Sans nul doute, son départ laissera un grand vide. On lui souhaite bonne chance dans ses prochaines missions. On en viendrait presque à envier ses futures collègues qui sauront apprécier ses qualités humaines : travailler ensemble dans le respect de tous. Merci David !
Par Séverine, Fabien et Gaëlle

Amusez-vous à  habiller David ! Différents costumes vous sont proposés...
Merci à Fabien pour ces dessins



lundi 21 mai 2012

Et hop, on emballe !

Ça y est, l'exposition est terminée ! Aujourd'hui lundi 21 mai, ressemble un peu à un lendemain de fête. 
L'heure est au démontage. Les mêmes tâches, et quasiment les mêmes gestes que pour le montage sont répétés mais dans le sens inverse; on commence par les oeuvres. 
On dévisse. On démonte les vitrines. On décroche les tableaux. On décadre. On extrait les oeuvres. On forme des petits tas. D'un côté, les oeuvres du musée, de l'autre, les objets prêtés. 
Gaëlle et Eva, régisseuses du service conservation, aidées de Michel, s'occupent des premiers. Certains objets regagnent les réserves; d'autres, retrouvent leur place respective dans les salles du musée. 
Pierre, responsable du service Expositions, Réjane et moi-même, nous nous chargeons des oeuvres prêtées. Il faut tout bien classer. Il ne s'agit pas de mélanger les archives. D'un côté, les archives municipales, de l'autre, les archives départementales. Il y en a un certain nombre...Idem pour les objets. Certains d'entre-eux quitteront le musée dès demain. Ainsi en est-il  du casque de standardiste prêté par le musée de La Poste de Paris. Quant aux autres, leur retour vers leur foyer respectif (archives, musée ou prêteurs particuliers) s'échelonnera sur la semaine.
Ça va vite. Très vite, même. A 16h00, le plateau était déjà vide d'objet. Ne reste plus que les éléments scénographiques. Avant leur démontage, Steffie et Jacques se chargeront de défaire les éléments électriques (écrans multimedia et éclairage). Une partie de la structure scénographique doit être conservée. Elle sera réemployée dans de futures expositions. D'ailleurs, en parlant d'exposition...alors qu'on démonte au premier étage du bâtiment, des ouvriers s'affairent au deuxième. De nouvelles cimaises s'élèvent. Une nouvelle exposition ?

jeudi 10 mai 2012

Des personnes déficientes visuelles dans l'exposition

Livrophone réalisé à l'occasion de l'exposition "Miroir, mon beau miroir", en 2008.
En partenariat avec l'Institut des Hauts-Thébaudières de Vertou et l'AVEA
La politique d'accessibilité au musée d'histoire de Nantes, initiée avant l'ouverture du nouveau musée (en 2007), a été récompensée par la fréquentation du public et par deux "prix". En septembre 2008, le  Ministère de la Culture et de la Communication remettait au musée le prix "Des Musées pour tous". En mai 2011, cette reconnaissance s'est concrétisée par l'obtention du label Tourisme et Handicap pour les quatre types de handicaps : visuel, auditif, moteur et mental (voir http://www.culture.gouv.fr/handicap/pdf/guide.pdf).
Elle est le fruit d'une longue collaboration entre le musée et divers acteurs, notamment celui du secteur médico-social. Le travail avec l'Institut des Hauts-Thébaudières de Vertou (établissement public spécialisé dans l'accueil des enfants et adultes connaissant une déficience visuelle grave) est un parfait exemple pour illustrer comment des professionnels de l'adaptation et de la culture peuvent travailler ensemble pour accompagner des personnes en situation de handicap, vers une participation sociale.
Mais parce que la participation sociale ne peut se résumer à l'accessibilité au bâtiment (ascenseur, signalétique adaptée...) et à la scénographie (hauteur des vitrines, livrets en braille...), au fil des années et de l'évolution de l'approche de la gestion du handicap, ce partenariat a évolué.
De plus en plus, il donne vie à des projets spécifiques, en particulier dans le cadre des expositions temporaires : cinq groupes de jeunes âgés entre 15-20 ans déficients visuels,  ainsi que deux groupes d’adultes en réadaptation professionnelle, ont pu découvrir l'exposition "Nantaises au travail" sur plusieurs séances.  Un tel projet culturel mérite d'être connu pour être encouragé et aussi pour servir d'exemple. Et pour ce faire, que rêver de mieux qu'un film.
 
Justement, Simon, le vidéaste chargé de le réaliser filmait jeudi dernier les acteurs responsables du projet. Il y avait Chantal Lavaud, missionnée à l'accessibilité culturelle à l'Institut les Hauts Thébaudières, Laurence d'Haene, responsable du service des publics et David Chatelier, chargé de développement culturel au musée. Tous trois ont échangé sur leur rôle, leurs attentes respectives et les enjeux de telles activités culturelles.
Soudainement, l'action culturelle du musée prenait tout son sens. Une bonne dose d'adrénaline ! A suivre dans un mois sur ce blog...ou ailleurs : on nous promet un extrait du film...A bientôt,

mardi 24 avril 2012

Le musée et la lutte contre les stéréotypes sexistes

Au départ, il y a une question de Louise adressée à des élèves du collège nantais Stendhal : "Est-ce qu'on vous regarde d'une certaine manière parce que vous êtes des filles/des garçons ?". A priori anodine, cette question vient à propos pour lancer le débat sur les stéréotypes sexistes.
C'est ce qui ressort d'un atelier d'écriture animé par Louise Courtin, l'auteure des définitions machistes diffusées dans le hall de l'exposition "Nantaises au travail". Pour Louise, l'objectif est d'amener les jeunes à réfléchir sur l'inconscient collectif en matière de choix d'orientation professionnelle. Le tour de table s'avère révélateur : sans grande surprise, les garçons souhaitent exercer des métiers traditionnellement dominés par des hommes (informatique, ingénieur, paysagiste, métiers techniques), les filles des métiers traditionnellement dominés par des femmes (filière sociale, infirmières, hôtesse de l'air). Seule une élève se différencie : Marina souhaite devenir entraineuse de rugby. En prononçant le mot "entraineuse", elle hésite. Ces quelques secondes viennent à point nommé pour Louise. Elle va en profiter pour demander aux élèves de définir deux métiers de manière à les promouvoir. Les filles doivent rédiger des définitions de métier traditionnellement réservés aux hommes en les féminisant, et inversement pour les garçons.
Le résultat ?
Au lieu d'utiliser les formes officielles de féminisation des mots pilote, paysagiste, bagagiste, auteur et psychiatre*, les élèves ont inventé d'autres mots tels que une piloteuse et une pilotière à la place d'une pilote, une paysagistière pour une paysagiste, une bagagistienne au lieu d'une bagagiste, une autrice pour une auteure, enfin, une psychiatrice à la place d'une psychiatre. Sans doute, parce qu'elles ne distinguent pas les deux genres, du moins à l'oral pour le métier auteure, les formes officielles n'ont pas eu la côte auprès de ces jeunes qui ont, par contre, utiliser les bons mots pour maçonne, chauffeuse, pizzaïola et plombière...
Ainsi, peut-on lire les définitions suivantes :
"Maçonne : métier de plein air, au soleil, qui vous évite de faire des UV
Plombière : nouvelle séductrice; les hommes font les beaux mais vous aussi".
De tels arguments, pour promouvoir des métiers traditionnellement "masculins", peuvent prêter à sourire. Quoique... Étrangement, ces définitions font écho à certaines réactions des élèves face à la question introductive de Louise. Une jeune fille avait ainsi répondu : "Quand on marche, une fille, c'est fait que pour satisfaire un gars".
Assurément, les stéréotypes sexistes ont la vie dure au sein des collèges. Que des enseignants s'investissent dans des projets pour lutter contre ces phénomènes, c'est bien. Et si un musée comme le nôtre peut contribuer à les épauler, même à court terme, c'est tant mieux.

*En 1999, la féminisation des noms de métiers devient officielle lorsque, sous Lionel Jospin, le gouvernement français publie Femme, j’écris ton nom… guide d’aide à la féminisation des noms de métiers, grades, titres et fonctions. Rapport consultable en ligne : http://www.dglflf.culture.gouv.fr/ressources/feminisation.pdf

vendredi 6 avril 2012

Des apprenties camerawomen dans l'expo...

Une fois n'est pas coutume, vendredi dernier, Krystel, la commissaire de l'exposition, a été interviewée par quatre lycéennes en classe de seconde du lycée Notre Dame de Bonnes Nouvelles de Beaupréau. Leur objectif est de réaliser un film sur la préparation d'une exposition dans un lieu culturel. Ce projet s'insère dans le dispositif de l'Accompagnement Personnalisé, mis en place dans les lycées professionnels depuis la rentrée 2009-2010. Karine, professeure de mathématiques au lycée de Beaupréau, fait partie des enseignants qui en assurent le suivi. Avec elle, d'autres collègues et aussi des professionnels de l'audiovisuel, ont appris aux élèves à mener un interview et à utiliser une caméra. Au final, le film ne devra durer que 2'30. Nul doute, il va falloir couper ! D'autant que Krystel n'est pas la seule à avoir été filmée. David, chargé du développement culturel au musée mais aussi, Angélique, médiatrice culturelle et Jacques, éclairagiste, tous ont été sollicités.  
Héloïse, Alicia, Caroline et Noémie sont confiantes, elles sont bien entourées. De retour dans leur lycée, elles apprendront à composer avec une table de mixage...Du vrai travail de pro pour ces jeunes femmes. Parmi elles, peut-être une future cameraman, pardon, "camerawomen" ? Et oui, il est loin le temps (mais pas tant que ça en fait...), où l'on enseignait aux élèves de l'école nationale supérieure Louis Lumière (ex école Vaugirard) que "les femmes à la caméra rencontrent un gros problème: quand elles ont leurs règles, elles ne voient plus les couleurs de la même façon" (dixit Marie Desplechin, "Des femmes derrière la caméra, un film d'anticipation ?", L'Express, publié le 25.03.2011).

mardi 27 mars 2012

Votre avis nous intéresse

A l'accueil de l'exposition "Nantaises au travail" trône une boîte sur laquelle il est écrit : "Votre avis sur l'exposition nous intéresse". Que deviennent ces papiers une fois postés dans l'urne ? C'est la question que j'ai posée à Natacha. En tant que responsable du pôle accueil au sein du service des publics, c'est elle qui a le grand honneur de les recueillir jour après jour.
Natacha me raconte alors leur histoire. Selon l'objet de leur message, leur pérégrination au sein du château diffèrera : direction le service technique pour les uns, ou encore le bureau de Krystel (la commissaire d'exposition), pour les autres.
De la lecture de l'ensemble des avis (une soixantaine), il ressort une grande satisfaction du public. Ainsi peut-on lire plusieurs fois que l'exposition est "agréable à regarder" et "très intéressante".
Pour le coup, j'en viendrais presque à le regretter...Craignant le manque de crédibilité de mon article, je me concentre alors sur les quelques avis négatifs. Le plus souvent, ceux-ci portent sur le confort de la visite : un visiteur critique le manque de ventilation tandis que trois autres regrettent la faiblesse du volume sonore des multimedia.  Bien sûr, pour l'équipe du musée, il ne s'agit pas de prendre au pied de la lettre chacun des avis; elle sera attentive aux remarques répétitives.
Et l'ajout de casques tout beaux tout neufs à proximité des bornes multimedia témoigne de cette écoute...